Une liste rouge des mammifères de Bretagne d’après l’indice FAR
En nous basant sur l’atlas des mammifères de Bretagne (2015), nous avons calculé l’indice de Fragmentation de l’Aire de Répartition (FAR) de chaque espèce. Nous avons ainsi établi une liste rouge des mammifères de Bretagne, incluant la Loire-Atlantique.
Paru en 2015, l’Atlas des mammifères de Bretagne du Groupe Mammalogique Breton (GMB) présente des cartes de répartitions des différentes espèces de mammifères sur les 5 départements de la Bretagne historique (Loire-Atlantique incluse). En partant de ces cartes de présence dont l’unité est la maille de 10 km de côté, nous avons calculé, pour chaque espèce à l’exception des chiroptères, l’indice de Fragmentation de l’Aire de Répartition, ou indice FAR. Cet indice permet d’évaluer l’état de conservation d’une espèce sur une période donnée, ici la période 2005-2014 durant laquelle les données de l’atlas ont été récoltées.
Nous avons, dans le tableau ci-dessous, comparé nos résultats avec ceux de la méthode UICN. Notons que cette dernière n’a pas pris en compte la Loire-Atlantique et se limite donc au 4 départements de la Bretagne administrative.
Note : lorsque la catégorie FAR est entre parenthèse (comme pour le Rat noir), cela signifie que les données de l’atlas sont lacunaires et que, par conséquent, l’indice FAR est sous-évalué
La comparaison des deux méthodes se heurte au problème du nombre de départements pris en compte : 5 pour la méthode FAR (Bretagne historique) contre 4 pour la méthode UICN (Bretagne administrative). Notons au passage qu’il aurait été tout à fait possible d’appliquer notre méthode FAR à la seule Bretagne administrative comme nous allons le montrer ci-après. Pour le reste, les résultats que nous obtenons concordent assez bien avec ceux de l’UICN
Le cas du Lérot
Le cas du Lérot est celui pour lequel la méthode FAR et la méthode UICN donnent le résultat le plus éloigné : l’espèce est jugée « à surveiller » par la méthode FAR mais « en danger critique », soit 3 niveaux d’écart. Cela s’explique aisément par le fait que notre méthode FAR prend en compte la Loire-Atlantique. En effet, ce département rassemble 42 des 46 mailles où l’espèce est présente !
Si nous avions fait le calcul de l’indice FAR sur la seule Bretagne administrative, nous aurions trouvé un indice FAR de 0,069 qui aurait correspondu à la catégorie « très fragile », équivalent de la catégorie « danger critique » de l’UICN.
Ce cas illustre donc également le fait que le statut de conservation d’une espèce dépend très largement de l’échelle d’analyse, comme nous l’avions déjà montré dans cet article.
Bilan de la liste rouge des mammifères de Bretagne
Il ressort de notre analyse par la méthode FAR que deux espèces sont « fragiles », trois « sensibles » et quatre « à surveiller ». Pour le reste, les espèces de mammifères (hors chiroptères) semblent robustes. Le cas du Castor d’Europe, encore considéré comme « sensible » malgré sa récente progression, nous montre tout l’intérêt de pouvoir recalculer l’indice FAR régulièrement pour évaluer la progression ou la régression d’une espèce.
Notons enfin que le nombre d’espèces « non évaluées » est de 11 pour la méthode UICN contre seulement 3 pour la méthode FAR.
Et les chiroptères ?
Nous n’avons pas inclus les chiroptères dans notre analyse dans la mesure où les cartes disponibles pour ces espèces sont des cartes de présence et non des cartes de reproduction. Or, les chauves-souris sont des espèces très mobiles et leur présence à une date donnée en un point donné, notamment pendant les migrations, n’a pas de signification du point de vue de la conservation.
De même que le calcul de l’indice FAR pour les oiseaux ne doit se baser que sur des données de nidifications (à l’exclusion des données de présence de migrateurs ou d’hivernants), le calcul pour les chiroptères devrait utiliser des cartes de présence d’individus reproducteurs. La méthode FAR serait par exemple applicable à des espèces pour lesquelles nous disposerions d’une carte exhaustive des gîtes comme le Petit Rhinolophe ou le Grand Rhinolophe… à suivre donc !
photo à la une par eluxirphoto
Vous posez la question du Petit Rhinolophe », il est en extrème danger en Suisse … Petit commentaire sous forme de dessin « La robe de Médée » : https://1011-art.blogspot.com/p/la-robe-de-medee.html, série réalisée pour le Muséum de Genève pour l’exposition « tout contre la Terre ».
J’ai trouvé un vison d’Europe mort sur le bord d’un chemin il y a moins de 10 ans en Brière (Bretagne sud). Dépouille reconnue par un spécialiste du Parc de Brière mais vous l’indiquez comme espèce »éteinte » ?