Éviter, réduire et compenser les impacts pour les fringillidés
Linotte mélodieuse, Verdier d’Europe, Serin cini, Chardonneret élégant, Bouvreuil pivoine… autant d’espèces protégées qui figurent désormais sur la liste rouge des oiseaux nicheurs menacés en France métropolitaine. Leur prise en compte dans les études d’impact est donc importante. Voici quelques pistes pour appliquer la démarche ERC (Éviter, Réduire, Compenser) à ces espèces menacées.
Des espèces en déclin
Les fringillidés forment une famille relativement homogène de petits passereaux granivores. Parmi les 7 espèces nicheuses dans l’ouest de la France, 5 sont en net déclin à l’échelle nationale et sont considérées comme « vulnérables » dans la liste rouge de 2016 (voir ci-dessous). Seuls le Pinson des arbres et le Grosbec casse-noyaux échappent à ce déclin.
La situation semble particulièrement préoccupante pour le Bouvreuil pivoine et la Linotte mélodieuse dont le déclin est également constaté dans ailleurs en Europe.
Des habitats menacés

Prairie et landes, habitats typiques des fringillidés
Le Gros-bec casse-noyaux est une espèce typiquement forestière. Le Pinson des arbres, forestier également, s’est aussi adapté à des milieux plus ouverts et même au milieu urbain (parcs, jardins…). Le Bouvreuil pivoine semble avoir, dans nos régions, une prédilection pour les zones humides en partie boisées (saules, bouleaux…). Les autres espèces sont liées aux milieux semi-ouverts où alternent arbres, buissons et prairies permanentes. Le bocage et les landes devaient être jadis l’habitat typique du Chardonneret élégant et de la Linotte mélodieuse mais les grandes transformations survenues dans les paysages agricoles depuis un siècle ont contraint ces espèces au déclin. La disparition des jachères et la réduction des surfaces toujours en herbe sont très préjudiciables à ces espèces. De même les vergers traditionnels qui formaient autrefois un habitat pour le Verdier d’Europe ou le Chardonneret ont en grande partie disparus.
Par ailleurs, ces espèces sont protégées et peuvent supporter mieux que d’autres la proximité de l’Homme. Les causes de leur déclin est donc certainement à chercher davantage dans la transformation des milieux que du côté de la destruction directe ou des dérangements par l’Homme.
Si la réalisation des travaux hors période de reproduction permet d’éviter la destruction ou le dérangement, cela ne suffit pas pour assurer la pérennité de leurs populations. La préservation des habitats les plus favorables ou, à défaut, la création d’habitats de substitution, est l’élément-clef de préservation de ces espèces.
Une compensation assez facile

Dynamique spontanée de la végétation dans une friche industrielle : ce milieu, créé sans trop d’efforts, est très favorable aux fringillidés
Contrairement à des espèces strictement forestières (Pic mar, Autour des palombes, Pouillot siffleur, etc.) ou inféodées aux zones humides (Rousserolles, Locustelles, Râle d’eau, etc.), nos fringillidés peuvent s’installer dans des milieux assez faciles à créer. Il suffit généralement, sur une parcelle de quelques hectares, de laisser évoluer la végétation naturellement pour que le milieu (re-)devienne favorable aux fringillidés. Selon la fertilité du sol, la dynamique spontanée de végétation sera plus ou moins rapide. Au bout de deux ou trois ans, il faudra commencer à entretenir une partie du site (environ les 2/3) avec une fauche annuelle pour maintenir un équilibre entre milieu ouvert et boisements.
A l’intérieur même des secteurs aménagés (lotissements, zones d’activités), on peut aussi favoriser les fringillidés en évitant un jardinage trop intensif et systématique des espaces verts. Les jardins des particuliers peuvent même offrir des sites de nidification à des espèces comme le Serin cini ou le Verdier d’Europe, qui apprécient les conifères d’ornement pour y installer leurs nids.

Association prairie naturelle / fourrés / arbres en milieu agricole, typiquement favorable aux fringillidés
En milieu agricole, la création de bande enherbées ou, mieux, la pratique de la jachère, sont très favorables aux fringillidés et à la faune en général. Plus généralement, toute mesure qui permet le maintien d’une flore adventice au sein des cultures est positive.
Nous sommes donc ici dans un cas où des habitats de compensation sont relativement faciles à mettre en œuvre, pour peu que l’idée de laisser des espaces peu entretenus soit acceptée…
Photo à la une : Charles Sharp (Chardonneret élégant)
Autres photos : E.Barussaud
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