Éolien : ce que les dernières listes rouges (oiseaux, mammifères) changent pour les études d’impact
En 2016 et en 2017, les listes rouges nationales « oiseaux » et « mammifères » ont été mises à jour. Ces listes n’ont pas de portée juridique contrairement aux listes d’espèces protégées, mais elles permettent d’évaluer les enjeux dans les études d’impact, lesquelles sont obligatoires pour tout projet éolien. De manière générale, les enjeux risquent d’être réévalués à la hausse avec ces nouvelles listes. Explications.
Les oiseaux des champs en danger
Les projets éoliens portent le plus souvent sur des zones agricoles : parcelles ouvertes ou bocage, selon la région. Parmi les espèces qui nichent dans ces milieux, beaucoup ont désormais un statut de conservation défavorable :
- dans les paysages de champs ouverts, citons le Faucon crécerelle et l’Alouette des champs, dont le statut est passé de « préoccupation mineure » en 2011 à celui de « quasi-menacé » en 2016,
- dans les paysages bocagers, le Bruant jaune passe de « quasi-menacé » à « vulnérable », la Tourterelle des bois, la Fauvette des jardins et le Tarier pâtre de « préoccupation mineure » à « quasi-menacé ». Quant au Chardonneret élégant, il passe directement de « préoccupation mineure » à espèce « vulnérable ».
Parmi les oiseaux survolant les parcelles et, par conséquent, susceptibles d’être impactées, notons que l’Hirondelle de fenêtre, l’Hirondelle rustique et le Martinet noir sont désormais considérés comme « quasi-menacés ».
Enfin, les zones humides sont plus que jamais à éviter, avec le changement de statut du Bruant des roseaux (désormais « en danger »), du Martin-pêcheur d’Europe et de la Cisticole des joncs (désormais « vulnérables »).
Dans le sens inverse, le seul changement notable concerne la Fauvette grisette, fréquemment présente sur les zones de projets éoliens (friches agricoles, haies buissonnantes…) et dont le statut est passé de « quasi-menacé » à « préoccupation mineure ».
Dans l’ensemble, les enjeux liés à l’avifaune risquent d’être considérés comme plus élevés, même dans des secteurs agricoles qui sembleraient banals.
La Pipistrelle commune désormais « quasi-menacée »
La liste rouge 2017 des mammifères fait quant à elle apparaître une nouveauté de taille : la Pipistrelle commune, bien qu’elle soit encore largement répandue, elle désormais considérée comme « quasi-menacée » en raison du déclin marqué de ses populations. Cette espèce ubiquiste est la plus abondamment notée sur les sites de développement éolien. Des cas de mortalité (collision avec les pales ou barotraumatisme) sont souvent constatés lors des suivis des parcs en activité : il est difficile de dire si l’espèce est particulièrement sensible à ce risque ou si la très grande abondance de l’espèce par rapport aux autres suffit à expliquer qu’elle soit sur-représentée parmi les victimes… Toujours est-il que ce statut d’espèce « quasi-menacée » va amener à revoir à la hausse les enjeux liés aux chiroptères sur la plupart des sites.
Autres espèces dont le statut de conservation se dégrade : la Noctule commune passe de « quasi-menacée » à « vulnérable » et la Sérotine commune de « préoccupation mineure » à « quasi-menacée ». En revanche, pour le Grand Rhinolophe, la situation s’améliore et le statut passe de « quasi-menacé » à « préoccupation mineure ». Cette espèce constitue néanmoins toujours un enjeu particulier : elle est inscrite à l’annexe II de la Directive Européenne « Habitats, faune, flore » (Natura 2000) et figure sur certaines listes rouges régionales, comme par exemple en Bretagne où l’espèce est considérée comme « en danger ».
Concernant les autres mammifères, le statut des espèces présentes en milieu agricole évolue peu et la nouvelle liste rouge devrait avoir peu de conséquences sur la plupart des projets.
Photos : Émilien Barussaud (parc éolien, Pipistrelle), Stefan Berndtsson (Alouette des champs)
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