Que nous apprend le second Atlas des Oiseaux Nicheurs Européens (EBBA 2) ?
Édité en novembre 2020, « European Breeding Bird Atlas 2 » est la référence la plus complète concernant l’avifaune européenne. Cet ouvrage de près de 1000 pages présente les données les plus récentes concernant la répartition, l’abondance et l’évolution de 556 espèces. L’ayant pré-commandé fin 2020, nous l’avons reçu en janvier 2021.
Notre avis sur « European Breeding Bird Atlas 2 »
D’emblée, le livre impressionne par son volume : 120.000 observateurs de terrain mis à contribution de 2013 à 2017 dans 48 pays, des milliers de cartes de répartition et d’abondance, près de mille pages dont une vingtaine rien que pour la bibliographie, un ouvrage de 3 kg riche en données et artistiquement illustré ! C’est toujours un bonheur d’avoir à sa disposition une telle mine d’informations.
Pour un naturaliste français, cet ouvrage permet aussi de dépasser les frontières et de « découvrir » d’autres territoires riches en oiseaux. On se rend par exemple compte que le Râle des genêts, devenu très rare en Europe de l’Ouest, est largement réparti en Europe de l’Est et qu’il progresse en Europe du Nord. A l’inverse, on se rend compte que l’Hypolaïs polyglotte, qui paraît commun en France, a une aire de répartition assez réduite à l’échelle européenne (Espagne, France, Belgique et Italie principalement).
Un des points forts de ce livre réside dans les cartes de l’évolution de la répartition des espèces entre le premier atlas (EBBA 1, 1997) et le second. Ces cartes mettent en évidence les zones de progression et de régression des espèces au cours des 20 dernières années. Elles sont accompagnées d’un indice de changement qui donne une idée de la dynamique de la population à l’échelle continentale. Des tendances nationales et une analyse des causes possibles de changement accompagnent les cartes.
Des déclins et des progressions spectaculaires
Grâce aux cartes d’évolution (évoquées ci-dessus), on remarque une progression spectaculaire de certaines espèces au cours des vingt dernières années. C’est par exemple le cas de la Cisticole des joncs ou de l’Élanion blanc, dont la progression est sensible en France. Ou encore de l’Aigrette garzette, de la Grande Aigrette et du Héron garde-bœufs qui connaissent une forte extension de leur aire de nidification.
La situation est en revanche nettement moins réjouissante pour le Faucon kobez, le Busard Saint-Martin, le Combattant varié ou encore l’emblématique Bruant ortolan, choisi pour illustrer la première de couverture.
Les lecteurs qui s’intéressent aux effets des changements climatiques sur l’avifaune trouverons dans ces pages matière à réflexion. En effet, si chaque espèce connait sa dynamique propre, de nombreux déclins sont à signaler en Grèce, Italie, Irlande et sur les côtes norvégiennes tandis qu’une forte progression est notée au Danemark, dans le sud de la Suède et en Finlande.
L’ouvrage comprend également une intéressante analyse des tendances selon les grandes zones biogéographiques et les grands types d’habitats présents en Europe.
Au bonheur des allogènes
Un autre constat que l’on ne manquera pas de faire à la lecture de cet atlas : les espèces allogènes (en anglais « non-natives« ) sont de plus en plus nombreuses et de mieux en mieux implantées en Europe. Signalons par exemple la progression de la Perruche à collier dans toute l’Europe de l’Ouest ou encore celle du Bengali rouge en Espagne, Portugal et Italie. Mais le plus étonnant se situe chez les anatidés, avec une colonisation rapide de l’Europe par de nombreuses espèces d’ornement : Canard carolin, Canard mandarin, Ouette d’Egypte, Oie à tête barrée ou encore Cygne noir, autant d’espèces jadis cantonnées aux parcs zoologiques et autres jardins publics.
Ce nouvel atlas met donc en évidence les importants changements qui ont affecté l’avifaune européenne au cours des deux dernières décennies. Précis, clair et riche en données, il est une référence indispensable pour les ornithologues, qu’ils soient amateurs ou chevronnés !
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