Collisions véhicules / mammifères : quelles sont les espèces et les saisons à risque ?
Les routes sont l’une des principales causes de mortalité non-naturelle pour la faune de France. Toutes les espèces peuvent être impactées mais la mortalité des mammifères est particulièrement visible sur les bords de route. Nous dressons un rapide bilan des espèces et des périodes à risque, à partir des données de mortalité disponibles sur Faune-France pour la Bretagne et les Pays de la Loire en 2023.
Le Hérisson en première ligne
Parmi les 2424 données de mortalité, 950, soit 39 % concernent le Hérisson d’Europe. Cette espèce lente et de petite taille n’a pas l’habitude de fuir face au danger. Elle peut également être piégée par les murets situés au niveau du terre-plein central de certaines grandes routes. Des collisions sont constatées toutes l’année mais le printemps (mars, avril et mai) paraît particulièrement meurtrier.
Le cas des mustélidés
Les Mustélidés arrivent en seconde position parmi les victimes des collisions routières. Ils totalisent 31,5 % des cas : 13,5 % pour le seul Blaireau et 18 % pour les autres espèces (Martre, Fouine, Putois, Vison…). Hormis le Blaireau, les mustélidés sont pourtant des animaux rapides et agiles, capables de traverser rapidement une route, contrairement au Hérisson. Chez le Blaireau européen, des collisions sont signalées tout au long de l’année dans le Grand Ouest, mais février, suivi de mars et avril semblent les mois les plus meurtriers.
Le cas du Renard roux
Si l’on ajoute à ceux du Hérisson d’Europe et des mustélidés les cas concernant le Renard roux, on atteint près de 80 % du total. Au contraire des espèces précédentes, le petit canidé présente une faible mortalité en mars et avril. Le mois qui représente le plus de cas est celui de juillet, suivi de janvier et octobre. Cette phénologie est difficile à interpréter.
Les gros peu impactés, les petits sous-estimés
Les plus gros de nos mammifères terrestres, à savoir le Chevreuil, le Sanglier et le Cerf élaphe, ne représentent que 3,3 % des cas. Leurs cadavres passent pourtant difficilement inaperçus. A l’inverse, la part des petits rongeurs (4,7 %) et celle des petits insectivores de type musaraigne (2,4 %) sont très probablement sous-estimées en raison de la petite taille des cadavres, de la difficulté d’identification et de la possibilité qu’une part des cadavres soient emportées par des charognards.
Enfin, notons que l’invasif Ragondin représente 3,7 % des collisions, chiffre anecdotique en comparaison des prélèvements par chasse et piégeage. Des espèces plus rares comme la Loutre ou la Genette représentent respectivement 0,8 et 0,3 % des cas, mais l’impact de ces quelques collisions sur des espèces à longue durée de vie peut être préjudiciable à la conservation de l’espèce (voir cet article concernant les stratégies démographiques animales).
Conclusion
Si cette rapide analyse – basée sur des données collectées sans protocole – ne permet pas de chiffrer le nombre de mammifères victimes de collisions routières chaque année, elle nous apprend toutefois plusieurs choses :
- d’une part, le Hérisson d’Europe semble être d’assez loin l’espèce la plus impactée ; même si les observateurs ont peut-être tendance à rapporter davantage de données pour cette espèce protégée et facilement identifiable
- d’autre part, la mortalité routière concerne quasiment toutes les espèces et toutes les périodes de l’année, avec par exemple un pic de mortalité en avril pour le Hérisson, en février pour le Blaireau et en juillet pour le Renard roux.
- enfin, les espèces protégées constituent près de la moitié des cas de mortalité rapportés.