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Lézard des murailles : statut de protection, risques de destruction, démarche ERC

Votre projet d’aménagement impacte une population de Lézards des murailles (Podacris muralis) : que faire ? Voici en plusieurs étapes les démarches à réaliser.

Le Lézard des murailles : une espèce protégée

Comme la quasi-totalité des reptiles, le Lézard des murailles est une espèce protégée en France. L’arrêté du 8 janvier 2021 indique qu’il est interdit de capturer ou de détruire cette espèce mais aussi de détruire, d’altérer ou de dégrader ses habitats (art. 2). Cette espèce est par ailleurs commune et il n’est pas rare de la trouver dans des friches industrielles, des maisons en ruine, des tas de gravats ou encore des remblais recolonisés par la végétation. Cette espèce est donc fréquemment présente dans des secteurs momentanément abandonnés où sont prévues des opérations d’aménagement : requalification urbaine, réhabilitation de friche, etc.

Identifier et localiser le Lézard des murailles

Le Lézard des murailles est assez facile à observer mais son identification peut, dans certains cas, poser problème. Il s’agit d’un petit lézard assez terne, souvent observé sur les murs, les terrasses et les talus bien ensoleillés. La confusion est possible avec le Lézard vivipare et, dans le sud de la France, avec le Lézard hispanique. Un naturaliste, issu d’un bureau d’étude ou d’une association, saura reconnaître l’espèce. Mars et avril sont les meilleurs mois pour effectuer les recherches : à la sortie de l’hiver, les individus s’exposent longuement au soleil pour se chauffer. L’espèce reste visible quasiment toute l’année, pour peu que le soleil soit généreux. Les observations sont toutefois rares de novembre à la mi-février.

Il est important de réaliser une cartographie (sur photo aérienne) des observations réalisées lors de 2 ou 3 passages sur le terrain. Cela permettra d’estimer la surface d’habitats favorables impactés par votre projet. Le Lézard des murailles a un domaine vital de petites dimensions : de 10 à 100 m². Parfois, un simple tas de pierres ou de branches dans un environnement par ailleurs peu favorable leur suffit.

La démarche ERC (éviter, réduire, compenser) appliquée au lézard des murailles

Si votre projet d’aménagement impacte des Lézards des murailles, vous devez faire une demande de dérogation : voici la marche à suivre.

Ce dossier comprend l’évaluation des impacts et la mise en place de mesures d’évitement, de réduction et de compensation (= la démarche ERC). Pour évaluer les impacts, il importe de superposer votre projet à la carte de localisation des observations. Si tous les habitats occupés par le Lézard des murailles sont détruits, la survie de l’espèce sera compromise, ce qui compliquera l’obtention de la dérogation. Il importe donc d’éviter ses habitats, a fortiori si ils abritent également d’autres espèces protégées. Ainsi, un chemin creux dont les talus servent au Lézard des murailles devra être conservé en priorité, d’autant que des oiseaux ou d’autres reptiles peuvent également y vivre. Inversement, un tas de gravats présente moins d’intérêt pour la faune en général, même si notre lézard, peu exigeant, peut l’avoir colonisé.

Les mesures d’évitement et de réduction (adaptation de l’emprise du projet, balisage, opération de sauvetage avant travaux…) ne peuvent pas toujours garantir l’absence d’impacts résiduels. Il peut donc être nécessaire de prévoir des mesures de compensation. Pour notre Lézard des murailles, les solutions peuvent être relativement simples, compte tenu de ses faibles exigences écologiques et de son domaine vital de petites dimensions. Citons par exemple la création d’un muret de pierres sèches : cet habitat est typiquement favorable à l’espèce et peut, de surcroît, présenter un intérêt esthétique dans une zone d’habitations. Sur un site moins fréquenté, des tas de pierres entourés de végétation herbacée feront l’affaire. Enfin, la création d’une haie buissonnante sur un talus bien exposé au soleil peut être une bonne mesure de compensation pour le lézard et d’autres espèces animales.

Photos : Émilien Barussaud

Notre avis sur la « Flore Forestière Française » (Rameau, Mansion et Dumé)

La Flore Forestière Française de l’Institut pour le Développement Forestier est un classique, certains diraient même « une bible » pour les forestiers et les botanistes. Nous l’utilisons depuis une dizaine d’années et vous en livrons ici une présentation.

Comment elle s’organise

La Flore Forestière Française comporte 3 tomes :

  • tome 1 : plaines et collines
  • tome 2 : montagnes
  • tome 3 : région méditerranéenne

Compte-tenu de notre localisation en Bretagne, nous utilisons logiquement le tome 1. Ce premier tome n’exclue d’ailleurs pas les espèces « montagnardes » ou « méditerranéennes » dès lors qu’on les retrouve en plaine.

L’ouvrage se divise en 5 grandes catégories : mousses, ptéridophytes (prêles et fougères), gymnospermes (conifères), angiospermes ligneux (arbres et arbustes feuillus) et enfin espèces herbacées (non ligneuses) qui constituent environ les 2/3 de l’ouvrage. Au début de chaque catégorie figure une clé de détermination des genres et espèces.

Au total, environ 630 espèces sont présentées dans le tome 1 « Plaines et collines ». Chaque espèce fait l’objet d’un double page : une illustration des différentes parties de la plante sur la page de gauche et une fiche de description sur la page de droite. Cette fiche de description comprend :

  • le nom scientifique (et ses éventuels synonymes) et les noms vernaculaires de la plante
  • l’explication de l’origine du nom
  • les caractères biologiques : taille, longévité, reproduction…
  • les caractères diagnostiques : c’est à dire les critères qui permettent d’identifier la plante. Toutes les parties de la plante sont précisément décrites (écorce, rameau, bourgeons, feuilles, fleurs, fruit…) et des numéros renvoient à l’illustration de la page de gauche
  • la distribution géographique de l’espèce (type de climat, altitude maximale…) avec une carte de la répartition en France pour illustrer le propos
  • les données autécologiques : type de sol, ensoleillement, matériaux… Un diagramme combinant les gradients trophique et hydrique permet de situer les exigences de l’espèce sur les axes « humide / sec » et « acide / basique »
  • les biotopes et formation végétales où l’on trouve l’espèce (ex : haies, hêtraies-chênaies, landes, forêts ripicoles…)
  • les usages et propriétés de la plante (ex : plante mellifère, plante fourragère, plante fébrifuge, antiscorbutique, toxique…)
Les dessins comme les textes sont d’une précision et d’une qualité incomparables

Quels sont ses points forts ?

Les deux principaux points forts sont sans aucun doute :

  • la qualité des illustrations : les dessins sont d’un finesse et d’un réalisme rarement égalés dans les guides d’identification. Bien qu’elles soient toutes en noir et blanc, ces illustrations, effectuées d’après nature, collent parfaitement à la réalité. Associées à la description de la page de droite, elles donnent au lecteur toutes les indications nécessaires à l’identification.
  • la richesse des données concernant l’écologie de chaque espèce, utiles aussi bien au forestier qu’au botaniste. Le « caractère indicateur des plantes » (ex : neutronitrophile, calcicole, hygrocline…) permet en outre de caractériser un sol d’après le cortège floristique qu’il porte.

L’ouvrage se distingue également par une utile introduction d’une dizaine de pages, par un lexique permettant de comprendre toutes les subtilités de la botanique. Les termes « amplexicaule », « involucelle » ou « silique » ne vous seront plus inconnus !

Certains regretteront peut-être le classement des espèces à l’intérieur de chaque grande catégorie : elles sont en effet classées par ordre alphabétique et non par genre. Par ailleurs, malgré une couverture plastifiée imperméable, il est difficile de transporter l’ouvrage sur le terrain sans l’abimer : les 1800 pages de l’ouvrage sont imprimées sur papier bible, très sensible à la pluie et au froissement. Enfin, comme son nom l’indique, le livre traite de la flore forestière : il n’est donc pas particulièrement indiqué pour identifier les espèces de votre jardin ou de votre champ.

Pour quels usages ?

Nous recommandons ce livre à toutes les personnes qui s’intéressent à l’écologie en générale, à la flore et aux sols forestiers en particulier. Il permet de comprendre les interactions entre les plantes et leur environnement. Les personnes qui souhaitent réaliser des plantations (reboisements, haies, etc.) y trouveront toutes les information nécessaires. Les propriétés du bois des différentes essences d’arbres y sont également abordées.

Ce livre ne s’adresse pas aux débutants ni aux enfants qui auront certainement du mal avec la classification par noms scientifiques et les dessins en noir et blanc. En revanche, les étudiants et les professionnels de l’environnement y trouveront quantité d’informations introuvables ailleurs.

En conclusion, cet ouvrage, fruit d’un long travail d’équipe, est une référence indispensable pour étudier les plantes forestières de France et leur écologie.

Grâce à la Flore Forestière Française, le Hêtre (à gauche) et le Noisetier (à droite) n’auront plus de secret pour vous