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La ronce, injustement mal-aimée

Souvent jugée invasive, ennemie de bien des jardiniers, la ronce (Rubus fruticosus) est pourtant une espèce utile, pour l’Homme comme pour la faune sauvage.

« Rubus », un genre complexe

Au sein de la grande famille des Rosacées, le genre « Rubus » comporte de nombreuses espèces. La plus commune est la Ronce des bois, en latin Rubus fruticosus. C’est cette espèce que l’on trouve fréquemment en bordure des champs, dans les friches ou le long des chemins forestiers. Deux autres espèces lui ressemblent : la Ronce bleuâtre (Rubus caesius) qui apprécie des sols plus humides que la précédente, et la Ronce à feuilles d’orme (Rubus ulmifolius), surtout présente dans la moitié sud-ouest de la France. Mais n’oublions pas Rubus idaeus, plus connu sous son nom vernaculaire : le Framboisier !

Toutes ces espèces produisent des tiges bisannuelles, appelées turions, plus ou moins épineuses, ainsi que des fruits sous forme de grappes : les mûres et les framboises. Pour identifier ces espèces, nous vous recommandons la Flore Forestière Française.

D’intéressantes propriétés

Les fruits, les feuilles et les jeunes pousses des différentes espèces nommées ci-dessus sont comestibles. Feuilles et jeunes pousses sont réputées astringentes, toniques, diurétiques et dépuratives. Les feuilles sont traditionnellement utilisées pour guérir les angines, les inflammations digestives et les gingivites. Les fruits sont antioxydants, riches en vitamines et en magnésium. A la fin de l’été et au début de l’automne, la récolte de fruits peut être abondante. Pour cela la plante doit être bien exposée au soleil ; les ronces de sous-bois ne fructifiant pas. Le fait de couper régulièrement les tiges des ronciers améliore nettement la fructification.

Quelques lectures pour en savoir plus sur les ronces et leurs propriétés !

Usage en permaculture ou en génie écologique

Les ronciers peuvent aussi constituer d’efficaces barrières naturelles en limite de propriété. Attention toutefois car la plante drageonne et se marcotte naturellement : il est donc difficile de contenir sa progression. On déconseillera donc cet usage dans un petit jardin de zone pavillonnaire ! Mais sur un terrain plus vaste en campagne, on peut facilement constituer une « haie » basse (1 mètre) en entassant des branches d’arbres coupées sur lesquelles on laissera pousser les ronces : on obtient ainsi une barrière que peu de chiens errants ou de troupeaux – et a fortiori d’humains ! – oseront franchir. Cette végétation dense proche du sol est aussi très efficace comme coupe-vent.

Par ailleurs, une faune très riche y trouvera certainement refuge : des insectes pollinisateurs, des reptiles ou encore des petits passereaux comme la Fauvette à tête noire, l’Accenteur mouchet ou la Linotte mélodieuse. Les ronciers sont aussi appréciés des mammifères, que ce soit pour s’y cacher (Hérisson d’Europe, rongeurs) ou pour s’y nourrir (cervidés).


Notre avis sur la « Flore Forestière Française » (Rameau, Mansion et Dumé)

La Flore Forestière Française de l’Institut pour le Développement Forestier est un classique, certains diraient même « une bible » pour les forestiers et les botanistes. Nous l’utilisons depuis une dizaine d’années et vous en livrons ici une présentation.

Comment elle s’organise

La Flore Forestière Française comporte 3 tomes :

  • tome 1 : plaines et collines
  • tome 2 : montagnes
  • tome 3 : région méditerranéenne

Compte-tenu de notre localisation en Bretagne, nous utilisons logiquement le tome 1. Ce premier tome n’exclue d’ailleurs pas les espèces « montagnardes » ou « méditerranéennes » dès lors qu’on les retrouve en plaine.

L’ouvrage se divise en 5 grandes catégories : mousses, ptéridophytes (prêles et fougères), gymnospermes (conifères), angiospermes ligneux (arbres et arbustes feuillus) et enfin espèces herbacées (non ligneuses) qui constituent environ les 2/3 de l’ouvrage. Au début de chaque catégorie figure une clé de détermination des genres et espèces.

Au total, environ 630 espèces sont présentées dans le tome 1 « Plaines et collines ». Chaque espèce fait l’objet d’un double page : une illustration des différentes parties de la plante sur la page de gauche et une fiche de description sur la page de droite. Cette fiche de description comprend :

  • le nom scientifique (et ses éventuels synonymes) et les noms vernaculaires de la plante
  • l’explication de l’origine du nom
  • les caractères biologiques : taille, longévité, reproduction…
  • les caractères diagnostiques : c’est à dire les critères qui permettent d’identifier la plante. Toutes les parties de la plante sont précisément décrites (écorce, rameau, bourgeons, feuilles, fleurs, fruit…) et des numéros renvoient à l’illustration de la page de gauche
  • la distribution géographique de l’espèce (type de climat, altitude maximale…) avec une carte de la répartition en France pour illustrer le propos
  • les données autécologiques : type de sol, ensoleillement, matériaux… Un diagramme combinant les gradients trophique et hydrique permet de situer les exigences de l’espèce sur les axes « humide / sec » et « acide / basique »
  • les biotopes et formation végétales où l’on trouve l’espèce (ex : haies, hêtraies-chênaies, landes, forêts ripicoles…)
  • les usages et propriétés de la plante (ex : plante mellifère, plante fourragère, plante fébrifuge, antiscorbutique, toxique…)
Les dessins comme les textes sont d’une précision et d’une qualité incomparables

Quels sont ses points forts ?

Les deux principaux points forts sont sans aucun doute :

  • la qualité des illustrations : les dessins sont d’un finesse et d’un réalisme rarement égalés dans les guides d’identification. Bien qu’elles soient toutes en noir et blanc, ces illustrations, effectuées d’après nature, collent parfaitement à la réalité. Associées à la description de la page de droite, elles donnent au lecteur toutes les indications nécessaires à l’identification.
  • la richesse des données concernant l’écologie de chaque espèce, utiles aussi bien au forestier qu’au botaniste. Le « caractère indicateur des plantes » (ex : neutronitrophile, calcicole, hygrocline…) permet en outre de caractériser un sol d’après le cortège floristique qu’il porte.

L’ouvrage se distingue également par une utile introduction d’une dizaine de pages, par un lexique permettant de comprendre toutes les subtilités de la botanique. Les termes « amplexicaule », « involucelle » ou « silique » ne vous seront plus inconnus !

Certains regretteront peut-être le classement des espèces à l’intérieur de chaque grande catégorie : elles sont en effet classées par ordre alphabétique et non par genre. Par ailleurs, malgré une couverture plastifiée imperméable, il est difficile de transporter l’ouvrage sur le terrain sans l’abimer : les 1800 pages de l’ouvrage sont imprimées sur papier bible, très sensible à la pluie et au froissement. Enfin, comme son nom l’indique, le livre traite de la flore forestière : il n’est donc pas particulièrement indiqué pour identifier les espèces de votre jardin ou de votre champ.

Pour quels usages ?

Nous recommandons ce livre à toutes les personnes qui s’intéressent à l’écologie en générale, à la flore et aux sols forestiers en particulier. Il permet de comprendre les interactions entre les plantes et leur environnement. Les personnes qui souhaitent réaliser des plantations (reboisements, haies, etc.) y trouveront toutes les information nécessaires. Les propriétés du bois des différentes essences d’arbres y sont également abordées.

Ce livre ne s’adresse pas aux débutants ni aux enfants qui auront certainement du mal avec la classification par noms scientifiques et les dessins en noir et blanc. En revanche, les étudiants et les professionnels de l’environnement y trouveront quantité d’informations introuvables ailleurs.

En conclusion, cet ouvrage, fruit d’un long travail d’équipe, est une référence indispensable pour étudier les plantes forestières de France et leur écologie.

Grâce à la Flore Forestière Française, le Hêtre (à gauche) et le Noisetier (à droite) n’auront plus de secret pour vous

Quelles espèces végétales pour une vraie haie « naturelle » ?

Dans toute la France, de nombreuses haies bocagères ont été détruites lors d’opérations de remembrement ou d’aménagement, en particulier dans la seconde moitié du XXème siècle. On cherche aujourd’hui d’avantage à les conserver, voire à compenser ces pertes en plantant de nouvelles haies. Voici un guide des espèces à privilégier pour constituer une haie « naturelle », utile pour la faune et la flore, et surtout adapté au sol de votre région.

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