Rénovation de bâtiments : attention aux espèces protégées !

Lors de la restauration de bâtiments ou du réaménagement d’un quartier, on découvre – parfois tardivement – la présence d’une espèce protégée qui peut compromettre ou tout du moins retarder les opérations. Or, une prospection attentive en amont du projet permet de détecter et de prendre en compte ces espèces liées à l’Homme, ou « anthropophiles ». Voici un tour d’horizon des hôtes souvent discrets de nos bâtiments et des moyens de les préserver.

 Espèces protégées ? Espèces menacées ?

Le tableau ci-dessous établit la liste des espèces les plus susceptibles d’être rencontrées sur des bâtiments. La plupart sont protégées par la loi, ce qui ne signifie pas nécessairement qu’elles soient menacées. Nous combinons ci-dessous les critères de protection légale et de conservation (liste rouge nationale de l’UICN) pour établir la sensibilité des espèces.

Les espèces antrhopophiles de France et leurs statuts (B.E.T, 2017)

On voit ainsi que la majorité des espèces sont protégées. Cette protection s’étend d’ailleurs à l’habitat que ces espèces fréquentent, ce qui implique de réaliser, avant travaux, une demande de dérogation pour la destruction, l’altération ou la dégradation de sites de reproduction ou d’aires de repos d’espèces animales protégées (cerfa N°13 614*01).

Par ailleurs, notons que le statut de conservation des espèces est, dans l’ensemble, assez favorable : la plupart des espèces d’oiseaux qui nichent dans les bâtiments ne sont pas menacées à l’échelle nationale et sont même plutôt communes : Mésange bleue et charbonnière, Choucas des tours, Bergeronnette grise, Moineau domestique, etc. Seuls le Faucon crécerelle, le Martinet noir et les deux Hirondelles sont considérées, depuis 2016, comme des nicheurs « quasi-menacés » sur la liste rouge nationale (voir cet article).

faucon crecerelle

Le Faucon crécerelle, un hôte fréquent des grands bâtiments, y compris au cœur des villes

Notons enfin que certaines espèces de chiroptères comme le Grand Rhinolophe ou le Grand Murin présentent un fort enjeu de conservation (annexe II de la Directive européenne « Habitats ») mais que l’espèce la plus souvent présente dans les bâtiments reste la Pipistrelle commune.

 

Où chercher ces espèces ? Comment les détecter ?

En amont d’un projet d’aménagement ou de rénovation, il faut donc prévoir un diagnostic de la faune présente dans les bâtiments impactés. Le type de bâtiment et le contexte permettent déjà d’établir une liste des espèces potentiellement présentes, comme le montre le tableau ci-dessous.

Les espèces anthropophiles de France : habitats et indices de présence (B.E.T, 2017)

Par la suite, une observation attentive et une recherche d’indices permettent de connaître les espèces qui utilisent effectivement le(s) bâtiment(s).

guano

 

 

Le guano permet souvent de révéler la présence de chiroptères (ici, guano de Pipistrelle commune sur un rebord de fenêtre, Morbihan)

 

 

 

Des solutions pratiques pour éviter, réduire et compenser les impacts

Une fois les espèces identifiées et localisées, on peut déterminer leurs périodes de présence dans les bâtiments, laquelle correspond souvent à la période de reproduction (mais pas uniquement). Réaliser les travaux hors de la période de présence de l’espèce est la première mesure à prendre, afin d’éviter les dérangements mais surtout le risque de destruction d’œufs ou de jeunes individus. Par exemple, on évitera d’intervenir sur une façade comportant des nids d’Hirondelle de fenêtre entre le mois d’avril et le mois de septembre.

Dans le cas où l’impact est inévitable, par exemple lors de la destruction d’un bâtiment, on pourra réaliser, comme mesure de compensation, des aménagements pour la faune sur les bâtiments nouvellement créés, ou sur des bâtiments qui s’y prêtent situés à proximité : installation de nids artificiels pour les Hirondelles, nichoirs intégrés aux bâtiments pour le Martinet noir, le Faucon crécerelle ou les chauves-souris, petite ouverture permettant aux chauve-souris d’accéder aux combles d’un bâtiment, etc.

Nids artificiels pour hirondelles de fenêtre

En dehors des bâtiments proprement dits, on peut aussi prendre d’autres mesures pour favoriser la présence de la faune dans les zones habitées : permettre aux hirondelles de disposer de la boue nécessaire à la construction de leur nid (création de petites mares « boueuses »), favoriser la présence d’insectes qui constituent la nourriture des oiseaux, des chiroptères et des lézards, maintenir de vieux arbres à cavités ou installer des nichoirs sur les arbres plus récents, etc.

 

Images : Faucon crécerelle, Eran Finkle  /  Guano de chiroptères : E. Barussaud  / Nid hirondelle : Charles Carels  /  Tour, Jean-Louis Zimmermann

 

3 réponses
  1. Dominique
    Dominique dit :

    Un article très intéressant, avec tous les renseignements qu’il faut pour remédier à une situation à laquelle les projets de constructions sont assez souvent confrontés. C’est aussi une autre façon de contribuer à la préservation et la protection de ces animaux et de l’environnement dans lequel ils vivent.

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  1. […] En savoir plus sur les espèces anthropophiles […]

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